Il est bizarre ce conte, nous font remarquer le metteur en scène Alain Borek et la dramaturge Delphine Abrecht ; la fin ne résout rien et l’histoire ne propose pas vraiment de héros auquel s’identifier. Aussi ont-ils imaginé une version à choix multiples, inspirée des jeux vidéo où le vote des spectateurs oriente les actions des personnages. Ici deux adolescents : Boucle d’or, une jeune fille de 15 ans qui vivait auparavant de l’autre côté de la forêt dans une société où tout le monde était blond mais qui n’a plus ni père ni mère, et Urs Steiner, un garçon de 15 ans qui vit avec ses parents dans une maison à l’orée du bois où chaque chose est à sa place (trois bols, trois chaises, trois lits…). Entre eux et les spectateurs, comme interface, une sorte d’arbitre ironique et bienveillant, veille au bon déroulement. Le spectateur a la possibilité de s’identifier à l’un comme à l’autre et de choisir parmi 14 fins différentes (dont chasse à l’ours, mariage blanc, délation, aide humanitaire…). Il peut tenter et recommencer. Par le jeu et le décalage, Alain Borek espère favoriser une réflexion sur les politiques d’accueil plus efficacement que par un débat. Familier du théâtre d’improvisation, Alain Borek construit des spectacles où acteurs et spectateurs inventent ensemble. Et vous, à la place de Boucle d’or, qu’allez-vous faire ?