Savoir que cette femme-là, régulièrement surnommée la « Aretha Franklin africaine » est vénérée par Beyoncé, Alicia Keys ou Aya Nakamura. Savoir encore qu'elle est un cœur battant, une langue batailleuse, une force entreprenante pour le Mali. Artiste sublime bien sûr, mais aussi ambassadrice de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture, femme d'affaires polyvalente qui investit dans le développement économique du pays (hôtellerie, agriculture, négoce d'automobiles), ardente féministe. Plus de trente ans désormais qu'elle n'occulte rien dans ses morceaux ; ni la clairvoyance, ni les doutes, ni l'empathie, ni la colère. Au sein d'un horizon sonore constamment élargi, Oumou Sangaré y fustige la polygamie dévastatrice, les mariages arrangés, l'exil miroir aux alouettes et mène la fronde pour l'émancipation des femmes. Ou, plus récemment sur son dernier album Timbuktu - mariage heureux de l'identité musicale du Wassoulou et du blues afro-américain s'empare de la souffrance des mères contraintes d'envoyer leurs enfants mendier dans la rue. Chant flamboyant, cuivré, voltigeur, en état de grâce. Lumineux envoûtements, syncopes métissées, décharges émotionnelles où s'acte une résistance aux enjeux toujours brûlants.