Lorsqu’elle se rend au Mali en 2018, Eve Risser s’interroge quant à la façon d’instaurer un dialogue équilibré avec ses collègues locaux, évitant le piège de la touche exotique dans une production qui demeurerait essentiellement européenne. La réponse viendra d’une fusion entre son ensemble, le Red Desert Orchestra, et celui de Naïni Diabaté, le Kaladjula Band. Le jazz expérimental pratiqué par la française et ses complices - collectif parfaitement paritaire, ce qui est encore peu fréquent sur la scène hexagonale - se fond dans le chant des griots – ou plutôt des griottes, la malienne animant pour sa part un groupe exclusivement féminin, bousculant une tradition largement masculine. Le résultat est une fête vocale, instrumentale, mais aussi physique et visuelle, tant l’esprit de la danse stimule l’élan musical. Entre le piano et le bolon, harpe-luth à trois cordes, les cuivres et la kora, le groove et les rythmes gnawa, se tissent d’inépuisables et mystérieuses correspondances sonores et émotionnelles.