Près de douze ans après sa tonitruante version de Hamlet (Au moins j’aurais laissé un beau cadavre), et six ans après sa dernière création au théâtre, Vincent Macaigne revient à la scène et à Shakespeare avec la figure de Richard III qui promet d’être déchaînée. Cette pièce d’inspiration historique qui raconte la prise de pouvoir et la chute d’un roi sanguinaire semant la terreur, devrait lui aller comme un gant. Vincent Macaigne qui revendique un théâtre de la démesure, plonge dans la folie de la tragédie élisabéthaine pour mieux ausculter notre époque malade. Son spectacle interroge la brutalité humaine dans un monde submergé par la fiction, où les informations ne passent plus. Érigeant Richard III en idiot suprême, l’acteur-metteur en scène se garde néanmoins d’en faire un personnage univoque. Il débusque aussi la dimension burlesque de cette pièce, où la terreur et le rire vont de pair, tout comme la part d’enfance du personnage. Pour le reste, on devrait retrouver les ingrédients qui font la signature de Vincent Macaigne : un geste artistique à bras le corps, des acteurs poussés à fond, un espace brut sans décor, un environnement sonore saturé… Soyons rassurés, le long détour par le cinéma ne l’a pas assagi.