Le mythe d’Orphée, vainqueur de la mort par le pouvoir de la musique, est l’un des piliers de l’opéra naissant au 17e siècle. En 1672, Antonio Sartorio, l’un des compositeurs les plus importants de son époque, en livre sa version sur le livret d’Aurelio Aureli, en phase avec le goût du public vénitien. Plutôt que l’élévation spirituelle et la mélancolie grave privilégiées par Peri ou Monteverdi pour les cours princières quelques décennies plus tôt, prédominent ici la vitalité de l’intrigue, une sensualité noire et l’acuité psychologique. La musique s’éloigne progressivement de la déclamation, ce recitar cantando qui a vu naître l’art lyrique, pour découvrir l’élan mélodique et virtuose qui portera les grands airs dans l’opéra italien au 18e siècle. Jamais donnée en France, l’œuvre s’incarne aujourd’hui dans une collaboration exceptionnelle entre l’Opéra de Montpellier, la Fondation Royaumont et l’ARCAL qui en produit la tournée. Star des contre-ténors, Philippe Jaroussky prend cette fois la baguette, et retrouve Benjamin Lazar, l’un des metteurs en scène les plus accomplis et originaux dans le répertoire baroque. Tous deux seront de merveilleux guides pour les jeunes chanteurs qu’ils ont formés au fil des ateliers de préparation qui contribuent à la singularité de ce spectacle.