Premier pays dont l’indépendance, dès 1804, procède d’une révolte d’esclaves, Haïti, autrefois Saint-Domingue, en fut puni par le paiement de réparations exorbitantes à l’ancien colon français, qui entravèrent son développement et firent de la perle des Caraïbes l’un des pays les plus pauvres au monde. Beauté et misère ont toujours profondément marqué ses écrivains et poètes mondialement renommés, mais aussi ses musiciens, fameux en leur temps mais un peu négligés ces dernières décennies. Célimène Daudet, se souvenant de ses racines maternelles haïtiennes, a entrepris de ramener deux d’entre eux en pleine lumière, Justin Élie et Ludovic Lamothe. Après avoir achevé leur formation à Paris, l’un et l’autre choisirent de retraverser l’océan, Élie voyageant entre les États-Unis et l’Amérique latine, tandis que Lamothe se consacrait à promouvoir la musique dans son pays natal. Tous deux s’inspirèrent, dans leurs compositions, de la merengue, cette danse née de la rencontre entre les trois populations amérindiennes, européennes et africaines. Leurs musiques expriment la force de l’âme caribéenne face à toutes les occupations – comme celles de la Pologne chez Chopin, que Célimène Daudet présente ici en regard.