L’histoire est parfaitement loufoque et le numéro d’acteurs épatant ! On pense à Laurel et Hardy ou à tous ces duos de comiques fonctionnant par paire et par contraire : le gros et le maigre, l’immobile et l’agité, le costumé et le presque nu, le dominant et le dominé… Olivier Martin-Salvan et Pierre Guillois, les deux acteurs complices qui ont créé cet inénarrable duo après Bigre, appellent ça un cabaret de carton. Et du carton en effet, il y en a à foison : aussi bien décor, accessoires et costumes que cartel pour faire avancer l’improbable récit. Il suffit d’écrire FJORD sur un bout de carton, pour que le paysage existe, comme dans les jeux d’enfants… Matériau précaire pour un hommage au théâtre pauvre, le carton, utilisé avec une belle inventivité plastique, laisse tout le champ au théâtre d’acteur. Et quels acteurs ! Virtuoses, burlesques en diable et parfaitement synchronisés, ils empruntent à tous les genres à la fois, frôlent le grivois et en racontent beaucoup (sur le théâtre, sur le monde d’aujourd’hui, sur nos préjugés) sans pratiquement prononcer un traître mot intelligible. Les gros patinent bien… et se déchaînent dans une parfaite économie de moyens et une imagination débridée. Réjouissant !

Récompense
Molière du spectacle de Théâtre public

Nominations
Molière de la création visuelle et sonore
Molière du comédien pour Olivier Martin-Salvan
Molière du comédien pour Pierre Guillois
Molière de la mise en scène dans un spectacle de théâtre public