Dans ce roman solaire et sensible, qui penche davantage du côté du poème que de la narration, l’écrivaine anglaise Virginia Woolf prête voix aux pensées intimes de six amis inséparables dans une succession de monologues intérieurs entrecoupés de somptueuses descriptions de la nature. Au cœur du groupe que forment depuis l’enfance Rhoda, Bernard, Jinny, Louis, Neville et Suzanne, se manifeste la présence insistante d’un septième personnage, Perceval, dont l’absence puis la mort hantera à jamais les autres. Nous les voyons croître, se différencier, vivre et vieillir. À travers ces voix, qui peuvent aussi s’entendre comme autant de facettes d’un seul et même être, nous faisons l’expérience du temps qui passe, de la vie qui s’écoule. Ce temps que Pauline Bayle aime à rendre si tangible au théâtre. Les rapports à autrui et la question de l’écriture, sont au cœur de son adaptation du texte original de Woolf pour écrire sa propre version. Portés avec énergie et grâce par les mêmes interprètes avec lesquels elle affine son style très direct, spectacle après spectacle, les six personnages s’inscrivent dans l’espace poétique et mental.