{ Autour du spectacle }
Carte blanche cinéma à Phia Ménard
La Trilogie des contes immoraux (pour Europe)
Écrite sous forme de contes par Phia Ménard, Maison Mère, Temple Père et La Rencontre interdite forment une trilogie faite de rituels et d’architectures pour penser l’Europe en crise.
Phia Ménard travaillait au second volet de sa Trilogie des Contes immoraux lorsque la pandémie et le confinement ont mis à l’arrêt sa création, apportant une matière additionnelle à sa réflexion sur l’impasse du capitalisme et l’Europe en train de sombrer. Maison Mère, performance endossée par Phia elle-même – conçue en 2016 à l’invitation de la Documenta de Kassel et du philosophe Paul B. Preciado et accueillie au TANDEM en 2019, livre l’impressionnante vision d’une déesse punk édifiant la première maison de l’humanité, avant qu’un déluge ne ruine d’un coup ses efforts. Fantasmagorie ou oeuvre visionnaire ? La crise sanitaire que nous traversons depuis n’a fait que renforcer sa puissance métaphorique. Il est encore question de construction dans Temple Père, mais cette fois c’est à une tour que s’attèlent une poignée d’esclaves, consacrant l’ère du pouvoir : néolibéralisme et patriarcat sont associés dans un rituel sadomasochiste. La Rencontre interdite se passe à un rythme effréné derrière un rideau de tulle coupant la scène de la salle. Bruits assourdissants de drones, de machines, de vent, chute des températures dans la salle, installation d’une atmosphère hostile… L’insécurité s’empare du théâtre et des spectateurs. Artisane d’un théâtre très visuel où les corps livrent bataille, Phia Ménard s’interroge sur cette barbarie qui nous emporte.
Distribution
Écriture, scénographie et mise en scène Phia Ménard
Dramaturgie Jonathan Drillet
Écriture et mise en scène de Maison Mère Phia Ménard et Jean-Luc Beaujault
Création et interprétation Fanny Alvarez, Rémy Balagué, Inga Huld Hákonardóttir, Erwan Ha Kyoon Larcher, Elise Legros, Phia Ménard
Création lumière Eric Soyer