L’Absolu, le mot n’est pas trop fort. Ce spectacle a tout d’extraordinaire. À commencer par l’objet, ce « Silo », dans lequel il se déroule et le temps qu’il a fallu pour l’élaborer, avec toute une équipe. Énorme chapiteau de métal de quatre étages, où le public loge sur les marches de deux escaliers vertigineux, le Silo est un puits aux images, un véritable gouffre au bord duquel le spectateur éprouve une certaine déformation de ses propres perceptions, interrogeant l’être, le vide, l’infini. Boris Gibé, poète autant que chercheur et incroyable interprète de cette aventure artistique, s’est abreuvé des écrits existentialistes d’Andreï Tarkovski. Penchés au-dessus de cet étrange cratère qui est la scène, nous le voyons, personnage kafkaïen, tomber, grimper, s’ensevelir, jouer avec le feu, l’air et l’eau, mais aussi avec nos sensations et notre perception. Arpenter l’espace en quête d’absolu. Enfant de la balle, élevé sur les bancs du cirque Zampanos, Boris Gibé qualifie sa démarche d’«enquête poétique au cœur de la psyché des êtres».