Sous ses airs de vieux manuel de physique, Dans l’espace, de Fabio Viscogliosi, résume assez bien à quels nécessaires accommodements les humains se trouvent tenus. Comme dans les fables animalières, les personnages d’équilibristes ont tête de cigogne et d’âne mais le circassien Alexandre Fray ne s’y est pas trompé, lui qui, voilà plus de quinze ans, a fondé Un loup pour l’Homme. À travers la pratique de portés acrobatiques de haut vol, cette compagnie de cirque implantée dans les Hauts-de-France* offre la vision d’une humanité fait d’êtres sociaux différents autant que dépendants les uns des autres. L’acrobate, plus qu’aucun autre peut-être, éprouve très concrètement les notions de gravité et d’équilibre, en particulier dans les relations qu’il tisse avec autrui. Certains se souviennent sans doute de ces fameux Portés de grand-mères présentés en complicité avec des habitantes d’Arras, d’un certain âge… Dans l’espace, qui emprunte donc son titre et son goût du paradoxe au fameux bouquin de Viscogliosi, est la nouvelle pièce circulaire d’Un loup pour l’Homme, pour quatre acrobates et deux musiciens live versés dans le rock progressif. Dans une atmosphère sensorielle immersive, cette pièce sous chapiteau matérialise les interactions entre les humains et les forces environnementales qui les englobent. « En être arrivé là, sans trop savoir pourquoi … un équilibre maintenu suppose le potentiel de la chute. Le gouffre guette ». Au propre comme au figuré.

*régulièrement accueillie au TANDEM