Hélène de Montgeroult (1764 – 1836) connut les fastes de l’Ancien Régime finissant, la tourmente révolutionnaire durant laquelle elle sauva de peu sa tête, des exils rocambolesques à l’étranger, deux veuvages, des liaisons enflammées, la prison, la gloire des salons et des salles de concert, la reconnaissance académique qui fit d’elle la première femme nommée professeure au Conservatoire de Paris, dès la création de celui-ci en 1795 ! Virtuose du clavier, célébrée pour ses improvisations, autrice d’une méthode d’enseignement monumentale qui est parmi les plus importantes du XIXème siècle, elle poursuivit également une tradition de composition au féminin dans laquelle la France s’illustra particulièrement. On commence aujourd’hui à redécouvrir son œuvre pour piano, qui fait sans doute d’elle la première à avoir acclimaté de ce côté du Rhin la nouvelle inspiration romantique. Sa fine connaissance de l’art allemand plonge ses racines dans la rigueur et l’abstraction de Bach, se nourrit de la spontanéité mélodique de Haydn et Mozart, regarde avec prudence Beethoven, et semble souvent annoncer la fantaisie inquiète de Schubert et Mendelssohn.