Ce Cabaret migrant est né des soubresauts de la crise que traverse encore une fois le Liban. Crise économique et politique achevée, en août 2020, par cette terrible explosion dans le port de Beyrouth qui a laissé toute la société traumatisée. Dans les semaines qui ont suivi, le collectif Kahraba a ouvert les portes de Hammana, sa maison d’artistes, accueillant tous ceux qui le souhaitaient, exhortant les uns et les autres à se remettre au travail pour sortir du chaos. Nourri de ces échanges, le Cabaret migrant s’inspire du Cabaret Voltaire qui, à Zurich, à l’approche de la Première Guerre mondiale, offrit refuge aux artistes européens. Un cabaret conçu comme un espace pour une pensée critique et tolérante, inspiré également de cette liberté qui s’exprimait autrefois dans les cafés au Proche-Orient. Rassemblant différents artistes de la scène libanaise, ce Cabaret migrant puisera dans les textes de l’auteur roumain Matéi Visniec et mêlera masques, marionnettes, théâtre du mouvement et musique, ainsi que l’a toujours fait Kahraba. Depuis quinze ans, le collectif franco-libanais élabore un langage poétique et visuel afin de s’adresser à tous, enfants comme adultes, de toutes les communautés, dans les rues, les écoles, les jardins et lors du festival Nous, la lune et les voisins où a émergé ce Cabaret au printemps dernier. Venu en 2017, avec Géologie d’une fable, Kahraba n’avait pu faire le voyage en 2020 avec Ce murmure dans la nuit du monde.