Témoin de l’implosion de la vieille Europe au fil des deux guerres mondiales, Bartók le fut également de celle du langage musical post-romantique, remis en cause par les courants modernistes du premier vingtième siècle. Refusant d’adhérer à toute chapelle politique ou esthétique, il exerça sur le monde qui l’entourait un regard critique sans complaisance, et traça pour la musique des voies nouvelles. Le compositeur se doublait en effet d’un des pères de l’ethnomusicologie. Il parcourait le bassin méditerrannéen recueillant ainsi l’héritage des populations en route vers la mondialisation. Toutefois, ces inspirations ne se retrouvent pas dans sa musique en suivant une veine folklorique, mais cheminent au contraire de façon souterraine au coeur de la forme, de l’harmonie et du rythme des oeuvres. Le Quatuor n° 4, créé en 1928, est l’une des oeuvres pivots dans lesquelles s’incarne ce tournant fécond pour tout le devenir de la musique occidentale. Le Quatuor Béla nous le rend compréhensible autant que sensible au travers de ce concert commenté qui parlera aux jeunes comme aux adultes.