Libre adaptation d’Ubu sur la Butte, quatrième version d’Ubu Roi, cette farce bouillonnante, extravagante et cinglante est portée par l’immense Olivier Martin-Salvan, comédien généreux et metteur en scène inspiré.

Le complice de Valère Novarina, repéré la saison dernière dans Espæce d’Aurélien Bory, est le chef d’orchestre idéal pour cette caricature délirante et sans tabous de tous les pouvoirs, personnifiée par l’égoïsme et la bêtise d’un dictateur ventripotent. Autour d’un tapis de sol bleu roi, avec divers modules en mousse en guise d’armes, les spectateurs assistent, comme autour d’un ring, au combat engagé par le Père Ubu et ses sbires pour conserver le pouvoir à tout prix. Ces scènes roboratives évoluent dans l’univers de l’aérobic et de la gymnastique rythmique et sportive, à la fois pittoresques comme une toile du Douanier Rousseau et aussi inquiétantes qu’une féroce compétition. S’esquissent alors les lignes souterraines d’une violente pulsion conduisant à l’ivresse du pouvoir. Le langage des corps – courir, se battre, hurler… – devenant ainsi la métaphore d’une forme d’abrutissement radical. Un spectacle jubilatoire qui aère les zygomatiques et tonifie l’esprit avec une liberté réjouissante, en osmose parfaite avec le monde absurde et transgressif du père de la pataphysique.