Mes parents est né du premier confinement. Pour ne pas rompre le lien avec ses élèves de l’école du Théâtre National de Bretagne de Rennes, l’auteur et metteur en scène Mohamed El Khatib avait imaginé des exercices via l’écran d’ordinateur, dont celui, tout simple, de se présenter. À parler d’eux-mêmes, ces jeunes gens d’une vingtaine d’années en sont naturellement venus à parler de leurs parents. Au détour de leurs récits a surgi la question de la sexualité des parents, de leur intimité : Angle mort, si ce n’est tabou, que l’artiste, qui a maintes fois exploré le sujet de la famille, éclaire pour envisager la notion d’héritage trans-générationnel. S’agissant, au départ, de récits livrés de manière individuelle dans le cadre de leur cuisine ou de leur chambre à coucher et ensuite portés sur scène sur plateau nu, Mohamed El Khatib en profite pour se/nous demander ce que l’espace particulier du théâtre octroie comme liberté de regard. Ce faisant, il joue du décalage entre le réel et la fiction. Ce que l’on projette sur l’autre génération, ce que l’on retient et ce que l’on jette : de la famille à l’école et inversement, on voit bien à quel point l’intime et le politique ici se confondent.