Mâtiné de jazz, parfois incantatoire, l’univers musical de Melanie De Biasio invite à d’enivrants voyages hors du temps et émeut l’auditeur au plus intime. Touchée par la grâce, cette voix magnétique envoûte et réveille tout un monde de vibrations secrètes.

« Un homme immobile est prisonnier », disait Jacques Brel. Née en 1978, à Charleroi, l’année même où mourrait son compatriote belge, Melanie De Biasio pourrait reprendre à son compte cette formule, en la féminisant. Elle ne tient pas en place, aime déjouer les attentes. Il faut la voir sur scène — tout en déplacements félins, gestes libres et mesurés, vocalises en nuances — tisser entre ses trois complices musiciens une toile dense, sensible et vibrante. Difficile en effet de ne pas ressentir le souffle vital, les respirations profondes et les échos peuplant les chansons de Melanie De Biasio ; cet univers défiant les lois de la pesanteur et des genres, entre jazz-blues, trip hop céleste et pop atmosphérique. Le second album hypnotique et sensuel de la chanteuse et flûtiste belge avait déjà fait grand bruit en 2013 ; No Deal avait suscité une pluie d’éloges, de récompenses et de précieuses rencontres, John Parish — compagnon d’armes de PJ Harvey, ou Phil Selway de Radiohead. Les tournées qui ont fait de ce disque atypique un vrai succès international ont accaparé longtemps cette funambule du son et de la sensation. De l’étoffe de ces artistes pour qui chaque nouvelle prestation scénique se doit d’être une nouvelle expérience, elle revient avec un nouveau disque, le prodigieux Lillies, enfin !