Désigné meilleur jeune artiste portugais en 2014, et actuellement artiste associé au Teatro Municipal do Porto, Marco da Silva Ferreira a marqué les esprits dès ses premières créations, Hu(r)mano et Brother, en sondant l’écart vertigineux qui sépare notre intériorité intime, des postures apprises, ou des normes imposées par le corps social. Avec Bisonte, il réactive et prolonge l’exploration de cette dissonance par le contraste métaphorique entre la puissance brute d’un animal surpuissant, le bison, qui est aussi l’un des symboles contemporains d’une virilité exacerbée, et le caractère vulnérable du paisible herbivore. Issu des circuits de la danse hip-hop, le chorégraphe en mobilise l’explosivité athlétique pour brouiller les genres, faire tomber les masques et déjouer les poncifs de l’hypersexualisation des corps. Six danseurs, aux identités de genre fluides, font entrer en collision l’inépuisable énergie du krump, la fièvre du carnaval et les mouvements dysfonctionnels de l’hystérie, soutenus par des pulsations rythmiques obsédantes qui enflent et se résorbent, au plus près des émotions. Un véritable manifeste aux accents futuristes, auquel sont parfaitement ajustées les paroles du magnifique morceau de la musicienne new-yorkaise Laurie Anderson, diffusé en intégralité sur scène, O Superman.