Camille Delaforge et son ensemble Il Caravaggio sont parmi les fers de lance de cette nouvelle génération du baroque français, qui réinterroge les formats traditionnels du concert et de l’opéra. Ils tissent leurs prestations de trames narratives qui tiennent le spectateur en haleine, tout en faisant la part belle aux œuvres les plus rares. Ici, ils nous convient à la redécouverte du plus petit oratorio de Purcell. In Guilty night narre la rencontre entre le roi Saül, figure torturée de l’Ancien Testament, et la sorcière d’Endor, qui lui prédit sa perte dans un combat le lendemain. Au fracas des armes et au destin implacable répond la promesse douce-amère de salvation de Jésus, évoqué dans les lamentations de la Madone (Il Pianto di Maria), un inédit de Ferrandini, et dans le fameux Reniement de Saint-Pierre de Charpentier, qui voit l’apôtre nier sa fidélité au Christ face à la crainte de sa propre mort. Infiniment théâtrales, ces musiques se déploient pourtant dans un espace intimiste qui invite l’auditeur à entrer en communion avec les interprètes.