Depuis son apparition sur la scène jazz internationale dans les années 90, c’est avec un mélange d’indépendance, de ténacité et d’humilité que le contrebassiste Kyle Eastwood a entrepris de tracer son chemin dans un foisonnement de genres et de styles. À la tête d’une formation de musiciens auxquels le lient des années de complicité, l’élégant jazzman a su imposer son prénom.

Après un premier album (From There to Here) où s’affirmait avec éclat son amour et sa connaissance intime de l’âge d’or du jazz orchestral, le contrebassiste, alors tout juste âgé de 30 ans, ressent le besoin de dépasser ses références et s’aventure, durant la décennie suivante, dans des projets hybrides et subtilement transgenres : il flirte ainsi avec l’électro-jazz cool et sophistiqué (Paris Blues), le smooth jazz aux accents 70’s et résolument groovy (Now), voire le manifeste arty, urbain et métissé (Métropolitain). Riche de cette traversée de sons plus contemporains, il renoue sans détour avec un jazz plus direct, lyrique et mélodique. Ses trois disques suivants ont approfondi avec brio cette nouvelle orientation esthétique. Son dernier album, intitulé In Transit, s’inscrit sans ambiguïté dans cette continuité. À partir d’une sélection de thèmes au charme immédiat, mêlant reprises de standards de géants du jazz (Count Basie, Charles Mingus ou Thelonious Monk) et compositions originales, Eastwood joue la carte d’une musique à la fois personnelle, actuelle et intemporelle. Totalement spontanée dans son expression et en même temps parfaitement consciente de son héritage. Un pur plaisir musical.