Auriez-vous pu imaginer une chorégraphie hip-hop sur la musique mémorielle et sombre d’Henryk Górecki ? Kader Attou, qui se dit habité par la fameuse Symphonie des chants plaintifs depuis l’âge de 20 ans, n’en a décidément pas fini avec le compositeur polonais puisqu’il remet sur le métier une création de 2010, pour dix danseurs. Dans cette pièce sensible, où pour la première fois le chorégraphe s’attèle à l’intégralité d’une oeuvre musicale, on retrouve sa belle capacité à accueillir la poésie et l’expression des sentiments, à croiser les styles et à ouvrir grand les fenêtres de la danse contemporaine. Le directeur du Centre chorégraphique national de La Rochelle fait ici appel, pour la lumière, à Françoise Michel, grande dame de l’éclairage en danse qui travaille ici tout en clairs-obscurs. Il est impressionnant de découvrir comment la vitalité des corps nourrit d’espoir la longue plainte des cordes. Cette communauté dansante, s’appuyant sur la singularité de chaque danseur mais aussi sur les parentés de gestes, nous apparaît comme une humanité diverse et unie.