Impressionnant solo qui mêle cirque et autobiographie, Ruine déroule une série d’actions fortes à la manière d’un jeu de piste autour de la construction de soi, de la violence et des choix. Le jeune acrobate Erwan Ha Kyoon Larcher est aussi danseur, acteur, musicien, chanteur… un véritable homme-orchestre.

Les deux lignes de tension d’une vie débutée en Corée du Sud et parachutée en France sont inscrites dans le nom même d’Erwan Ha Kyoon Larcher. Deux pays, deux noms, un corps que le jeune acrobate met à rude épreuve dans Ruine. Scier la branche sur laquelle il est assis à 3 mètres de hauteur, s’immoler par le feu en marchant sur les mains ou décocher des flèches sur une cible douée de parole… Tels sont les actions, à la fois bien réelles et hautement symboliques, que l’artiste associe comme autant de questions ouvertes sur la construction de soi, la violence, l’héritage, les choix. « Se sauver avec ce corps (seule trace visible d’un passé lointain) a été une solution intuitive pour construire un parcours de façon consciente puis active » explique le jeune artiste formé au Centre national des arts du cirque, que l’on a découvert aux côtés de Vimala Pons et Tsirihaka Harivel dans De nos jours (Notes on the circus). Acrobate, danseur, acteur, musicien, chanteur, équilibriste, Erwan Ha Kyoon Larcher traverse les disciplines avec la même détermination, la même grâce. La ruine n’est pas une image forcément négative : il faut parfois accepter de détruire, pour mieux reconstruire.