Cette pièce est portée par une communauté de dix danseurs étonnants. Sans décoller leurs pieds du sol, ils sont pris dans une gestuelle distinguant le bas et le haut du corps. Le regard des interprètes, fixé aux spectateurs, accentue la force de l’écriture chorégraphique. Hypnotique !

Inspiré par Les Vagues de Virginia Woolf, le jeune chorégraphe grec avait déjà fait sensation en 2016, avec Elvedon. Avec Ion, sa deuxième pièce, Christos Papadopoulos fait une entrée remarquée sur la scène internationale. Il y explore le lien paradoxal de l’individu au collectif. L’énergie de chacun est investie au bénéfice de tous. Ça frotte, ça glisse. Les danseurs semblent se démultiplier. Cette multitude, Christos Papadopoulos la voit comme une humanité en mode survie ou peut-être tels ces bancs de poissons aux formes harmonieuses. Dans un rapport très frontal, les yeux plantés dans ceux des spectateurs, les danseurs opèrent d’infimes variations, évoluent et interagissent telles des microparticules chargées d’énergie, comme le titre de cette pièce invite à le supposer. À la gestuelle minimaliste de Christos Papadopoulos répondent la musique répétitive de Coti K et une création lumière aux effets légèrement mystiques. De la physique infinitésimale à la sociologie, il n’y a qu’un pas pour le chorégraphe grec qui pose magistralement la question de l’être ensemble et qui maîtrise ses effets avec panache.