Des bombardements alliés sur sa ville natale à sa propre adolescence, Christophe Honoré raconte l’histoire de sa famille dans Le Ciel de Nantes. Une histoire aux destins brisés où dialoguent théâtre et cinéma.

Dans un vieux cinéma abandonné où ne subsiste que l’écran, un groupe de personnes entreprend de nous raconter un film en en rejouant certaines scènes. Tout y est, jusque dans les moindres détails : la musique, les choix de mise en scène, le montage. Ce film qui se construit sous nos yeux c’est Le Ciel de Nantes, un film fantôme que Christophe Honoré ne s’est jamais décidé à tourner sur sa famille. Les personnages, que l’on découvre à travers six feuilletons successifs, sont sa grand-mère Odette, ses oncles et tantes, sa mère et lui-même, sur fond d’histoire sociale — 39-45, la guerre d’Algérie, les luttes ouvrières, l’immigration, la montée de l’extrême-droite. L’histoire d’une famille singulière aux destins tragiques portée par les acteurs des Idoles. Dans cette précédente mise en scène, accueillie au TANDEM, où, déjà, le romancier cinéaste et metteur en scène se retournait déjà sur sa jeunesse pour évoquer alors sa « famille » d’artistes : Bernard-Marie Koltès, Jacques Demy, Hervé Guibert et toutes ces figures tutélaires disparues qui l’ont guidé sur la voie de l’art. Dans un jeu de mise en abyme où le théâtre apparaît comme le lieu d’un cinéma rêvé et où les personnages, à travers la voix des acteurs, commentent le scénario, Christophe Honoré interroge la notion d’héritage quand rien ne se transmet plus, si ce n’est la détresse, la défaite et la dissolution des liens.