Appliquer au théâtre les différentes étapes de création d’une photo argentique : tel est le principe de Durée d’exposition. Deux acteurs-opérateurs tentent de traduire concrètement, sensiblement, les termes techniques de la photo et de leur trouver un équivalent performatif sur le plateau.

De la boîte noire qu’est l’appareil à la chambre noire qu’est le labo, la nuit sied au photographe comme elle sied au théâtre et donc au présent de la représentation. Transposer au plateau chacune des étapes d’un manuel photographique, tel est le jeu proposé par Camille Dagen et ses deux interprètes. Après avoir identifié le matériel à disposition, vérifié l’angle de vue, opéré le cadrage nécessaire et déterminé les limites du jeu, ils peuvent commencer à se saisir de tous les ressorts proposés par le manuel photographique, au service de l’appareil scénique. À travers onze propositions performatives puisant librement dans l’imaginaire collectif, ils explorent un thème universel, celui de la rupture amoureuse. Avec une facilité déconcertante, un talent indéniable et une bonne dose d’humour, ils croisent sur ce chemin les figures de Bérénice de Racine ; des baisers volés de Jean-Pierre Léaud et Delphine Seyrig chez Truffaut ou encore plus inattendue celle de Céline Dion… Une manière méthodique, ludique et métaphorique de réfléchir à la création théâtrale, de sonder le plaisir qui nous lie le temps de la représentation, et d’entrer en quête d’un réel perdu, dans la virtualité grandissante de nos vies.