Motivée par le souvenir chaleureux de son passage au Théâtre d’Arras en 2016, l’inclassable chanteuse tenait en effet absolument à passer par notre magnifique théâtre à l’italienne pour nous présenter son nouveau spectacle ; comment aurions-nous pu hésiter ?

Nous avions quitté Camille virevoltante et magnétique, le corps en transe, transformant chacun des lieux où elle se produisait en temple de chants et de danses improvisées, libératoires. Entre deux disques, l’artiste interroge sans cesse le déséquilibre entre incarnation et désincarnation. Mais Camille — la femme — trouve sa complétude dans la maternité, comme si elle s’y enracinait. Car avec elle, tout devient finalement organique : la voix devient corps, avant que le corps ne devienne son. Le peintre Pierre Soulages disait : « C’est en faisant que je trouve ce que je cherche ». Camille parvient ainsi, une nouvelle fois, à se délester des charges qui peuvent contraindre ses recherches artistiques et risqueraient d’entamer son instinct phénoménal. Elle enregistre des disques bien sûr, mais c’est sur scène que ses chansons révèlent leur rugosité naturelle. Dans sa quête du premier mouvement oral, cherchant à l’infini la précision sur le timbre, sur sa sonorité et ses possibles échappées soprano, elle se présente à nous aujourd’hui dans son plus simple appareil, accompagnée d’un tambour! Une intemporalité universelle dont la couleur dominante serait l’indigo, la septième couleur de l’arc-en-ciel — soit le nombre de notes de la gamme musicale ; car chez Camille, tout est décidément musique !