Regard pétillant, sourire insolent et tempérament de feu : la Calypso Queen incarne depuis plus de 50 ans la musique frondeuse du carnaval de Trinidad ; un parfait mariage de musique festive et de combat social. Pour fêter la rentrée, elle nous convie à une parade musicale et convoque ceux qui ont nourri sa carrière musicale et sa vie, tels Nat King Cole ou Aretha Franklin.

Popularisé par Harry Belafonte dès les années 50, le calypso est longtemps demeuré l’apanage exclusif de la gent masculine. Jusqu’à ce qu’un personnage aussi irréductible qu’irrésistible entre dans la danse pour en dynamiter les conventions : en 1972, Calypso Rose est la première femme à remporter le titre de « Reine du Calypso ». De pugnacité, elle n’en a jamais manqué : elle qui a dû affronter l’hostilité d’un père pasteur, farouchement opposé à sa carrière de musicienne ; travailleuse acharnée, elle a composé près de 800 chansons — dès l’âge de 13 ans ! Elle a passé 17 années à chanter sur les navires de croisière avant de se produire enfin sur des scènes prestigieuses. Dénonçant la violence conjugale dans Abatina ou les injustices sociales dans No Madam (une chanson qui a contribué au changement de législation concernant le traitement des domestiques à Trinidad), Calypso Rose est une femme dont la mémoire dépasse son existence propre pour embrasser le destin de toute la diaspora noire (I Am African). Combative, Calypso Rose ? On ne survit pas à un cancer et deux infarctus sans une copieuse dose de grinta ! Cette vitalité, on la prend en plein cœur à chaque minute de concerts ébouriffants, qui envoient paître au loin idées noires et passions tristes. Munie d’une telle force, d’une telle humanité, on se dit qu’elle seule est légitime, en ces temps de violence planétaire, pour entonner un chant de fraternité universelle tel que Human Race.

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