Peu d’œuvres sont aussi universellement connues que les trois Brandebourgeois, le Concerto pour violon en La mineur ou l’aria de la Suite en Ré majeur proposés ici. On les entendit monumentaux, parfois alanguis, engoncés ou roides avant la révolution des instruments d’époque, chambristes jusqu’au grêle, contrastés jusqu’à la préciosité depuis. Ils ont été transformés en happening par les jazzmen, en fête latina par les brésiliens, et par l’ordinateur en cette « divine machine à coudre » à laquelle Colette voulait réduire Bach. La claveciniste Céline Frisch et le violoniste Pablo Valetti, à la tête de leur Café Zimmermann, s’inscrivent résolument dans le courant baroqueux dont ils sont parmi les interprètes les plus renommés, après s’être formés auprès des maîtres les plus éminents. Ils allient des qualités qu’on peine à trouver toujours réunies. L’érudition va chez eux de pair avec la simplicité, la rigueur technique avec la liberté improvisatrice. Se souvenant que ces oeuvres furent probablement écrites dans le but, jamais atteint par Bach, de séduire les grands de ce monde, ils n’en oublient pas pour autant leur véritable public : les siècles et Dieu.