L’artiste qui a réconcilié le rap et la chanson française s’aventure une nouvelle fois là où on ne l’attend pas : la peinture du XIX^e siècle ! Il nous propose un concert-spectacle pour quatre musiciens et quatre danseurs, véritable performance musicale mêlant chorégraphie, art pictural et art des mots.

« Jeune Noir à l’épée est d’abord le titre d’une peinture de Pierre Puvis de Chavannes qui m’a bouleversé lorsque j’ai pris connaissance des œuvres présentées dans le cadre de l’exposition du Musée d’Orsay (Le Modèle noir de Géricault à Matisse). Et pour moi qui ambitionnait d’écrire un long poème, à ma manière, sur l’identité à l’ère de la mondialisation, ce tableau fut pour moi une révélation. Parmi les autres toiles de maîtres du XIX^e siècle, que j’avais sous les yeux, comme des symboles de la construction d’un regard, de la création de l’Autre et d’un inconscient collectif racialisé, Jeune Noir à l’épée, par sa singularité criante en termes de symbolismes et de représentation de la figure noire, me racontait émotionnellement une histoire qui s’inscrivait tout naturellement dans ce monde de pauvreté et de béton que j’avais connu toute ma vie. C’est donc tout naturellement que se mit à s’exprimer sous ma plume, propulsé à notre époque, ce jeune noir, à peine sorti de prison, dans sa cité HLM. Du plus profond de mon propre vécu, je savais bien d’où venaient la lutte de ce jeune noir pour quitter la rue et la haine, sans abandonner les siens, sa relation conflictuelle à ses origines africaines et à la France, sa révolte inflexible contre l’injustice des violences policières subie par son peuple, celui des banlieues. Le cheminement du jeune noir de cette histoire s’est imposé à moi et à ces nouvelles générations, dont je fais partie, nées en Europe et dont les racines s’originent sur le continent africain ancestral. »

Abd al Malik

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